Non, la réduction du temps de travail n’est pas une spécificité française, comme voudrait nous le faire croire certains discours qui cherchent à culpabiliser les travaillleur·ses en France.
Des voix de plus en plus nombreuses portent cette revendication en Europe. Elle est devenue réalité dans différents pays.
En Islande, plusieurs essais de mise en œuvre de la semaine de travail de quatre jours ont été organisés.
Dans le cadre d’un projet pilote, la semaine de travail est passée de 40 à 35 heures sans réduction de salaire et sans perte de productivité.
L’expérience a apporté de nettes améliorations : les niveaux de stress et d’épuisement professionnel ont diminué.
Forts de cette réussite, les syndicats islandais défendent la généralisation de la semaine de quatre jours à tous les secteurs d’activité.
Au Royaume-Uni, 63 % de la population est favorable à une semaine de travail de quatre jours sans diminution de salaire.
Des syndicats, des universitaires et l’ancien président du parti travailliste Ian Lavery ont défendu cette mesure auprès du ministre des Finances.
En Irlande, une coalition de syndicats, d’employeur·ses, de groupes de défense de l’environnement et d’organisations féministes appellent à une transition progressive et contrôlée vers une semaine de travail plus courte dans tous les secteurs d’activité.
En Allemagne, le syndicat IG Metall défend le passage à la semaine de 32 heures pour préserver les emplois dans l’industrie.
Le syndicat propose aussi une compensation de salaire qui permettrait aux salarié·es qui le souhaitent de se former sur le temps libéré. La réduction du temps de travail pourrait constituer une solution à la crise économique et à l’augmentation du chômage.
En Espagne, le gouvernement a lancé en mars l’expérimentation de la semaine de 32 heures avec maintien des salaires dans 200 entreprises.
Cette mesure doit participer à la relance de l’économie durement affectée par la crise en donnant du travail au plus grand nombre.
En près de soixante ans, la durée du travail a baissé d’environ 25 % sur un panel des dix pays ayant un PIB par habitant·e parmi les plus élevés.
La question de l’harmonisation des normes liées au travail au niveau mondial devrait être une préoccupation prioritaire. La circulation instantanée de l’information et la recherche d’économies d’échelle par les entreprises mondialisent le travail.
Les règles doivent donc être mondialisées elles aussi.
Les pays où le temps de travail est le moins élevé sont aussi ceux qui affichent le taux de chômage le plus faible.
Sortir du cercle vicieux où certain·es travailleur·ses enchaînent les heures supplémentaires alors que d’autres sont au chômage serait possible grâce à une réduction du temps de travail encadrée.
Pour éviter que cette mesure ait un effet négatif sur les salaires et les conditions de travail, elle doit s’accompagner de contraintes fortes pour les employeur·ses.