Malgré les promesses de Macron, l’hôpital fera bien près d’un milliard d’économies

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Alors que le président de la République a promis la fin des coupes budgétaires dans les hôpitaux, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, évoque « 960 millions d’euros d’économies » en 2018 dans une circulaire officielle…

 

Poursuite ou fin de la rigueur dans les hôpitaux ? Quinze jours après la promesse d’Emmanuel Macron qu’il n’y ait « pas d’économies sur l’hôpital durant ce quinquennat », les professionnels de santé en perdent leur latin. Et pour cause : l’agence de presse médicale APMnews et le site d’information Hospimedia viennent de révéler une circulaire, signée de la ministre de la Santé, qui détaille les efforts budgétaires réclamés aux hôpitaux et cliniques cette année.

« Pour 2018, le niveau des économies sur le champ des établissements de santé s’élève à 1,6 milliard d’euros, écrit Agnès Buzyn (en surlignant en gras les montants), dont 960 millions d’économies pesant directement sur le budget des établissements de santé. » Difficile d’envoyer un message plus contradictoire avec l’engagement pris par Emmanuel Macron le 14 avril devant 3,8 millions de téléspectateurs…

Même si ce dernier avait aussi répondu quelques jours plus tôt à une soignante qui l’interpellait à l’hôpital de Rouen sur le manque de moyens qu’il n’y avait « pas d’argent magique ».

En fait, cette circulaire est la simple déclinaison du budget 2018 de la Sécu voté en décembre. Celui-ci prévoit que la hausse des dépenses des hôpitaux sera limitée à 2 % cette année, quand l’évolution spontanée de leurs charges est estimée à 4 %. La différence représente un effort de quelque 1,6 milliard d’euros. Certes, sur ce total, 640 millions seront réalisés grâce à des ristournes sur les médicaments négociées directement par le ministère auprès des industries pharmaceutiques, mais cela laisse quand même 960 millions à trouver.

L’Elysée et le ministère embarrassés

 

Dans le détail, les hôpitaux et cliniques sont tenus de dégager 640 autres millions d’euros en mutualisant et rationalisant leurs achats à leurs fournisseurs et 70 millions d’euros via « l’amélioration de la pertinence et des parcours ». Les 250 millions de gains restants doivent découler de la fameuse chirurgie « ambulatoire », c’est-à-dire les opérations sans nuit à l’hôpital qui permettent de réduire les postes.

Côté effectifs, tout laisse penser que les hôpitaux et cliniques vont continuer de se serrer la ceinture. « Des économies de fonctionnement sont attendues des établissements de santé », souligne Agnès Buzyn. Avant d’ajouter que « l’évolution des organisations hospitalières doit également permettre de limiter le taux global national d’évolution de la masse salariale à 1,59 % en 2018 ».En 2015 – dernière année pour laquelle les chiffres sont connus -, l’ensemble de la fonction publique hospitalière a faiblement augmenté (+ 0,2 %), mais les personnels non médicaux – infirmières, aides soignants, administratifs – ont, eux, légèrement diminué (- 0,1 %). « Etant donné que le volume de soins a parallèlement progressé, la charge de travail a fortement augmenté pour ces personnels », pointe Edouard Couty, médiateur du ministère de la Santé.

Dans ce contexte, pas étonnant que l’annonce d’Emmanuel Macron d’absence d’économies sur l’hôpital ait surpris les blouses blanches. « Comment comprendre cette affirmation alors qu’environ 1 milliard d’économies est demandé aux établissements de santé ?, avait réagi la Fédération hospitalière de France (FHF) dès le lendemain. Rien ne serait pire, dans le climat actuel, que de constater un décalage entre les discours et la réalité que vit au quotidien la communauté hospitalière. »

Interrogés, l’Elysée et le ministère de la Santé paraissent gênés aux entournures. « On va bien faire des économies par rapport à l’évolution anticipée de la dépense, mais pour autant on ne va pas baisser la dépense à l’hôpital », répond-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. « A ce stade, le budget 2018 de la Sécu ne change pas, mais on en saura plus quand le projet de transformation sera abouti », complète-t-on du côté d’Agnès Buzyn. Le chef de l’Etat a promis des « décisions précises » fin mai. Avec de l’ »argent magique » ?

 

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